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Souvenir d'un instant

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Nouveauté

Bien qu’il demeure accessible à tous, il n’est pas nécessairement facile d’écrire des haïku. Et c’est le défi que les organisatrices du camp de jour du Regroupement interculturel de Drummondville ont voulu relever avec la collaboration de la haijin Diane Descôteaux en incluant des ateliers d’écriture de haïku dans leur programmation estivale de cette année.

Toute une prouesse, en effet, pour ces 45 filles et fils d’immigrants, âgés entre 6 et 16 ans, que de mettre en mots un instant croqué sur le vif dans une langue récemment acquise pour certains ou en voie d’apprentissage pour d’autres, et ce, dans une forme littéraire qui leur est totalement inconnue!

Mais ils sont jeunes, pleins d’enthousiasme et avides de s’approprier leur nouvel environnement de vie ou de partager leurs plus beaux souvenirs de leur Tanzanie, de leur Syrie ou de leur Colombie natale.

Aussi, laissons-leur la parole et empressons-nous de découvrir à notre tour ces « miniatures » qu’ils ont saisis au vol et qu’ils nous offrent à travers ce collectif le temps d’une saison…

Description

Souvenir d’un instant. Haïga, sous la direction de Diane Descôteaux, Regroupement interculturel de Drummondville (R.I.D.), Québec, 2019, 82 pages.

Il s’agit d’un recueil de haïkus réalisés par des jeunes participants à un camp d’été en francisation, sous l’égide du RID. La mission des ateliers littéraires de Diane Descôteaux facilite l’acquisition du vocabulaire et l’appropriation du français, dans un cadre ludique. Et, en effet, quoi de mieux que le haïku pour contribuer à intégrer à une société d’accueil quarante-cinq jeunes de toutes origines, âgés entre 6 et 16 ans ?

Un bel objet, intéressant et vivant, également illustré par les dessins des jeunes.

mon voisin de camp
ne comprend pas le français –
soudain traducteur

Victor Manuel Valencia Yano, 13 ans

une longue attente
aux feux de circulation –
étrange pays

David Aguirre, 13 ans

l’heure du dîner –
le goût au cigare au chou
plutôt qu’au haïku

Esther Nishimwe, 8 ans

aujourd’hui trop grande
pour jouer à la Barbie
c’est moi la princesse !

Ghazal Khamis, 7 ans

l’appel de ma mère
et l’odeur du chocolat
à tous les matins

Angelique Tuyisenge, 11 ans

j’aime bien l’église –
prier pour les gens malades
et pour les problèmes

Fenias Ndayishimiye, 11 ans

nuit de pleine lune –
seul assis sur la montagne
un long hurlement

Maria Jose Uribe Garcia, 11 ans

Louise VACHON
Gong, Revue francophone de haïku, No 70, janvier-mars 2021, France, p. 29

Haïkus réalisés par des jeunes participants au camp d’été en francisation du Regroupement Interculturel de Drummondville.

Le présent recueil est le fruit d’un travail destiné à renforcer les acquis de l’apprentissage de la langue française à travers la création poétique. Il est proposé par Diane Descôteaux, en 2018, au camp d’été de Drummondville mentionné ci-dessus. Le défi des animateurs consiste à faire découvrir la vie d’un pays et d’une langue en offrant des activités ludiques aux 45 inscrits. Un tel projet implique tout le monde, locaux et nouveaux arrivants. L’intégration de ces derniers sur le territoire s’en trouve ainsi largement facilitée.

Quiconque a vécu l’expérience de quitter son pays pour s’installer ailleurs, sait de quoi il retourne : s’intégrer, quand on se heurte à de nombreux écueils, à commencer par la barrière de la langue, relève d’un combat de tous les jours. Comme il faut travailler dur pour surmonter les difficultés, qui chaque jour se dressent, une main tendue est toujours bienvenue.

Ils ont 7 ans, 12 ans, 16 ans… Ils viennent de Syrie, de Tanzanie, de Colombie.

Merveilleuse idée de proposer aux enfants et adolescents des sessions haïku. Ce poème, consacré à l’instant présent, permet évidemment de vivre des moments intenses, dans la joie de la découverte, tout en atténuant ce mal du pays ressenti par tout exilé. Rien de tel que l’écriture pour parvenir plus rapidement à tisser des liens et à libérer la parole.

Il n’est pas aisé de mener des ateliers avec un éventail d’âges aussi large, et des enfants encore très approximatifs dans leur maîtrise de la langue. Le résultat s’avère fort encourageant : toutes ces pages, agrémentées des illustrations de nos apprentis écrivains, réservent d’agréables surprises.

À sept ans, certains manient déjà l’humour avec bonheur…

au zoo la girafe / au très très long cou regarde / le petit enfant         (Wissam Othman, 7 ans, Syrie)

Le jeune auteur exprime-t-il ainsi son vertige de vivre une expérience insolite ?

La chute du suivant est savoureuse :

la gazelle court / poursuivie par un guépard / dedans la télé       (Eduardo Samuel Martinez, 11 ans, Colombie)

Autres lieux, autres mœurs, l’étonnement exprimé dans celui-ci ne manque pas non plus de piquant :

une longue attente / aux feux de circulation – / étrange pays      (David Aguirre, 13 ans, Colombie)

Tout est permis, en matière de haïku, y compris le droit d’afficher une malicieuse irrévérence…

écrire une histoire / sur l’église et ma famille / en mangeant des chips      (Odetha Niyogushima, 15 ans, Tanzanie)

Chez les plus grands, la structure du bref tercet affiche une certaine maîtrise :

lancer le ballon – / elle le rapporte toujours / ma petite chienne       (Mirlin Esthella Bonilla Rossi, 15 ans, Colombie)

D’habiles rapprochements peuvent être effectués, témoignant d’une fine intelligence de la langue française, et de la portée poétique d’un vocabulaire soigneusement choisi…

balade en forêt – / le babillage entre filles / et les chants d’oiseaux       (Tasneem Baghdadi Mohamed, 14 ans, Syrie)

La pratique du haïku développe bien des valeurs, partage et entr’aide n’étant pas les moindres d’entre elles :

mon voisin de camp / ne comprend pas le français – / soudain traducteur      (Victor Manuel Valencia Yano, 13 ans, Colombie)

Pour terminer cette riche moisson, voici le tercet d’un garçonnet colombien ; imaginer le passé de tous ces immigrés suffit à le dispenser de tout commentaire.

juste après les courses / se rendre à la biblio / jouer à surviv.io      (Sebastian Pico, 8 ans, Colombie)

Beau travail. Bravo à tous les poètes en herbe ! Et félicitations aussi à leur guide : son investissement constitue une aide considérable dans l’appropriation de la langue française par ces enfants et adolescents ; il les arme sûrement un peu mieux pour vivre un nouveau quotidien semé d’obstacles.

Danièle DUTEIL

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