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Poème Haïku - à coup d’ailes

Ce n’est pas rien que de s’immerger dans l’univers poétique de Diane Descôteaux. Disons le tout de suite : en ouvrant son livre, il faut être prêt à embarquer pour un périple vertigineux, à attraper au vol ses haïku en rafale écrits aux quatre coins du monde, entre ciel et mer, entre deux continents, entre deux lunaisons, entre deux rives, entre deux rires, entre deux pleurs, entre…

 

à raison, à tort
j’écris, je prie ou je crie
la vie et la mort

 

Le haïku est l’écriture fragmentaire par excellence. Il s’inscrit dans la discontinuité et fait son miel de chaque béance. S’il dit « l’ici et maintenant », il s’agit d’une multitude d’« ici » et de « maintenant » captés dans l’éclatement spatio-temporel des strates du vécu.

Face au réel, Diane ne compose pas vraiment, elle « fait avec », adoptant le parti-pris du risque, proche de la contre-structure, à l’opposé de toute construction artificielle qui se vautrerait dans le linéaire. Bien que les saisons se succèdent, un puissant effet kaléidoscope se dégage de l’ensemble. L’écriture présente des traits communs avec l’auteure, vive, spontanée, vraie.

 

Dans cette confrontation au monde, qui revêt parfois des allures de pérégrination inter- stellaire, quiconque s’installera aux côtés de notre amie ne devra pas escompter prendre place en « classe affaires ». Ici, le voyage s’effec- tue sur un simple strapontin, voire un siège éjectable… Au diable le confort de la certitude ! Tout l’art consiste à saisir en plein essor ce qui advient, sans hiérarchie, parce que la hiérarchie n’existe pas dans la nature, tout simplement.

 

Finalement, Diane Descôteaux accorde à ses lecteurs et lectrices toute latitude : elle pose les morceaux et laisse plutôt le choix de l’arrangement et de la direction.

 

Danièle DUTEIL

 

 

mon bikini brun
a rétréci d’une taille
entre octobre et juin

 

la fin de l’été –

le reflet fixe des pales
refroidit mon thé

 

Dans son dernier recueil, Diane Descôteaux s’est dépassée.

Il m’importe de souligner ce point.

Je l’ai trouvée audacieuse de proposer des histoires d’ici au Québec et d’ailleurs dans le monde aux Éditions Unicité en France. Demeurant fidèle à elle-même, elle n’a pas cherché à adapter son style d’écriture afin de séduire l’éditeur ou de lui plaire. Tant de son côté ou de celui de l’éditeur, le coup de foudre littéraire nous frappe et l’éclair est sublime. La transparence de ses mots le prouve. Nous avons le privilège de vivre et de voyager à son rythme.

 

vivre la magie
des violons de l’OSD
avec une amie

 

Orchestre symphonique de Drummondville

 

la lune chez toi
dans quelque cinq ou six heures
au-dessus de moi

 

Le décalage horaire entre l’Europe et le Québec

 

Saint-Jean / Richelieu
rivière en crue et pancartes
« à vendre » au milieu

 

Les inondations printanières de 2011

 

Diane se serait-elle assagie ?  Pas certaine. Mais ses haïku ont mûris. Elle nous démontre être en pleine possession de son art.

Elle sait comment dire et comment l’écrire.

 

en reculant l’heure
mon jour d’anniversaire a
duré vingt-cinq heures

 

Entre l’automne et l’hiver, la sérénité, peut-être…

 

haïku fidèle
à tous ces mots de saison
que le vent épelle

 

Haïku gravé sur une stèle de pierre Bluestone
sise sur la rue St-Thomas à Notre-Dame-du-Bon-Conseil
près de la rivière Nicolet

 

Diane Descôteaux est une bonne ambassadrice du haïku au Québec, principalement dans son coin de pays près de Drummondville.

 

Lise ROBERT


Saint-Denis-sur-Richelieu (Québec) | Le mardi 4 juillet 201

Haïku - à coup d’ailes

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