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Poème Haïku - l’heure du thé

Diane DESCÔTEAUX, née en 1956 à Asbestos au Québec, a été codirectrice de la revue poétique Carquois et a écrit une dizaine de recueils de poésie et de préfaces.  Lauréate d’une centaine de prix et mentions littéraires au Québec, en France, en Belgique et en Italie, elle dévoile ici une autre facette de son talent en nous présentant ses haïku.

 

la vieille bouilloire
chuintant sur le poêle à bois
nous en fait boire

 

Gatien Lapointe, regretté poète québécois (1931 – 1983), a dit dans un de ses cours à l’Université du Québec à Trois-Rivières qu’il préférait la poésie au roman, car « le roman est bon trop longtemps ».  Pourrions-nous ici transposer la même comparaison entre le haïku et le poème? Esquive de réponse, disons que ce sont des choses différentes et non exclusives, soit deux plaisirs attendus. Ainsi, Diane Descôteaux, haïjin, nous offre ici de brefs bonheurs à déguster comme de lentes gorgées de thé qu’on retient longuement dans la bouche pour mieux en apprécier les arômes.

 

Benoît Leblanc, Ph.D., Professeur titulaire
Département de lettres et communication sociale
Université du Québec à Trois-Rivières

 

Goûtons donc ce thé de l’existence et humons-en les effluves parfumés. Savourons, avec l’écriture de Diane Descôteaux, tous les instants de la vie, puisque – à quelques décennies près tout de même ! – nous sommes un peu comme les papillons, transitoires et… éphémères :

 

chenille une année
mais un seul jour papillon –
brève destinée !

 

Ce second volume de la collection kaiseki témoigne brillamment, avec Diane Descôteaux, de la vitalité du haïku francophone au Québec.

Georges Friedenkraft
Cofondateur et directeur de la revue Jointure

 

J’aime boire du thé. Le liquide est chaud, enveloppant, relaxant et … stimulant.  Oui, « l’heure du thé » est un moment à la fois apaisant et excitant. D’une part parce que nous devons faire l’acte de nous arrêter, surseoir à un débordement d’activités pour déguster et apprécier la sapidité de la boisson. Boire à petite dose. Paradoxalement, l’excitation de la caféine nous stimule.

 

En est-il de même, lorsque nous prenons « l’heure du thé », chez Diane Descôteaux. L’œuvre poétique stimule notre imaginaire, nous fait bondir dans divers lieux, nous fait ressentir mille et une odeurs, nous permet des hallucinations auditives, pour le moins que nous nous laissons imprégner de la chose.  Non, l’heure du thé n’est pas un temps banal, même si cela pouvait le devenir, il suffirait pour cela de parcourir ou de lire les textes sans s’y arrêter. Comme si nous avalions d’une seule gorgée un thé parfumé.

 

Aucune jouissance n’y émanerait. Aucune exhalaison.

En fait, « l’heure du thé » nous saisit par le souffle des saisons duquel chaque image, chaque évocation nous rappelle un temps terrestre, certes, mais aussi un temps intérieur.  Un tempo saisonnier qui nous ramène à un temps présent et précis. Cela appelle les lecteurs à l’apaisement, au réconfort parfois, à une réflexion plus profonde.  Du coup, sommes-nous obligés à relire et à relire certains passages, certaines suites, quelques vers voire le recueil en entier tant il évoque en nous des moments précis de notre vie.  Et nous voici en méditation.

 

D’autre part, la stimulation vient de ce qui nous semblait anecdotique à la première lecture. Relire et s’imprégner de ce qui nous interpellait dissipe un certain flou. Ainsi, l’analyse sémique démontre que chaque unité poétique en lui-même déploie un sens formel si fort qu’un tant soit peu que nous connaissions le sens du sème évoqué, nous pouvons en faire un tableau, un arrêt sur image, un portrait auditif.  Par exemple : 

 

dans l’épais brouillard
une silhouette émerge –
plainte du huard

 

il nous vient une impression : un pastiche scénique d’un film d’Hitchcock, une humeur inquiète. Ou encore, pourrions-nous y voir un tableau de Van Gogh dans celui-ci :

 

la lune absente
et chaque étoile devient
cent fois plus luisante

 

Enfin, si nous nous fermions les yeux, cherchant le sommeil à travers une musique zen :

 

et tombe la pluie
en cadence sur le toit
contre l’insomnie

 

En somme, à « l’heure du thé », tous les mots saisissent nos sens, mais nous faut-il encore savoir lire et savoir écouter ce que le poème donne à entendre, car Diane Descôteaux évoque le Québec, le Canada, ses neiges, ses étés trop courts, ses automnes aux lumières et couleurs extraordinaires, ses printemps longs et frisquets.

« l’heure du thé » c’est aussi ses traditions : le poisson d’avril et la cabane à sucre (p.16-17) notamment, la réalité sociale d’un peuple : les urgences en milieu hospitalier engorgées et inefficaces (p.61). Nous pouvons dire aussi : l’œil amusant de l’auteure lorsqu’elle illustre la désagréable sensation de recevoir une contravention pour excès de vitesse sur la route (p. 51).

 

« l’heure du thé » se lit finalement à toute heure du jour et de la nuit et deçà delà sans restriction.

Diane Descôteaux est active dans divers milieux de la Francophonie y obtenant ainsi de nombreux prix autant sur le continent européen qu’en Amérique du Nord. Ses œuvres sont diffusées sur maints supports papier et électroniques où il nous est possible de la lire en tout ou en partie.

 

Lucy PAGÉ

 

Un clin d’oeil sur « l’heure du thé » du journaliste québécois Patrick White en cliquant sur son site perso: HTTP://PATWHITE.COM/NODE/7887

Haïku - l’heure du thé

13,00C$Prix
    • Philippe Bouret – 21 décembre 2021

      Je vous ai lue avec un bonheur réel et des sourires tout aussi spontanés que votre humour ne manque pas de susciter.

    Note 5 sur 5
     

    Christophe Jubien – 22 octobre 2021

    Chère Diane, un petit mot en passant pour te dire le plaisir que j’ai pris à lire tes haïkus pleins de charme et de malice. Moi qui était par principe un peu contre l’usage de la rime dans le haïku, tu m’as retourné comme une crêpe ! Les principes volent en éclats quand le talent déboule, et c’est très bien comme ça ! Un grand merci et un grand bravo.

    Note 5 sur 5

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